[JDR] Scène coupée : Vingt ans plus tard
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La_Mirialane
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Préambule
Cette fanfiction se déroule et s'inscrit dans l'univers et la timeline du jeu de rôle de Planète Star Wars, entre les sujets phares Le Temple Jedi 6 et Le Temple Jedi 7. Beaucoup de références seront faites au premier sujet, ainsi qu'à son prédécesseur, Le Temple Jedi 5. Tous les événements relatés ici doivent être considérés comme faisant partie du canon du JDR.
Le terme de "scène coupée" est inspiré du cinéma, puisque cette scène est impossible à intégrer proprement au sein du JDR, mais je voulais la raconter pour apporter une conclusion à certains personnages.
Pour une question de facilité de lecture, l'histoire sera partagée en trois parties. N'hésitez pas, bien sûr, à partager vos ressentis et vos avis. Bonne lecture !
Partie I
Histoire écrite avec l’approbation de Kaarde.
Talorande - début 196Dans un cimetière, une famille revenait d’un moment de recueillement quand la mère subodora quelque chose, une présence qu’elle n’avait pas sentie depuis…
Non, ce n’était pas possible… Elle n’avait plus ressenti ça depuis des décennies. Elle s’adressa à son époux, qui avait remarqué son air confus :
Femme — Mon chéri, rentre avec les enfants.
Son mari — Qu’est-ce qui se passe ?
Femme — Je vous rejoins tout à l’heure. Je dois vérifier quelque chose…
Son mari — D’accord… À toute.
Et ils se séparèrent. La femme parcourut les allées, se laissant guider par son intuition. Cette présence la troublait, mais ce n’était rien comparé au moment où elle le vit pour de vrai, de ses yeux.
L’homme se tenait droit, les mains jointes en bas de son ventre, la tête courbée, devant une sépulture. La femme s’approcha prudemment. Cet individu n’était pas habillé comme à son accoutumée, et pourtant elle le reconnaissait même de dos. Même après tout ce temps.
L’avait-il perçue ? Certainement, mais il paraissait très concentré dans son propre recueillement. Une fois à distance proche, elle brisa le silence :
Femme — Kaarde Naberry ?
Il n’y avait plus aucun doute : l’homme se retourna. Pendant quelques secondes, il la jaugea des pieds à la tête :
Kaarde — Jaina…
Et dans un long silence, ils se regardèrent, et plusieurs souvenirs ressurgirent. Mais surtout, celle qu’il avait connue sous le nom de Jaina Fanger l’observa attentivement et ne pouvait en croire ses yeux : il n’avait pas changé, à peine des cheveux blancs en plus... et pas mal de blessures aussi, dont cette cicatrice à la joue. Autrement, c’était resté le même, comme dans ses souvenirs. Comme au mariage de Padmée.
Comment était-ce possible ? Il devait avoir dans les quoi ? quatre-vingts ans, maintenant ? Elle craignait presque une illusion, une malice quelconque d’un individu du côté obscur.
Pour lui, en revanche, c’était un autre signe concret du temps passé : Jaina avait changé normalement. Il l’avait connue ado, et maintenant, c’était une femme dans la force de l’âge. Elle ne devait pas être loin des quarante ans, désormais. Déjà que le temps filait à une vitesse folle, mais avec une hibernation en prime…
Jaina — Qu… qu’est-ce que vous faites là ?
Kaarde — Je viens me recueillir.
Alors, Jaina s’approcha de la tombe :
« SONNY CHRISTENSE
108 – 172
DASH RENDAR-CHRISTENSE
103 - 176
Sénatrice de Talorande de 141 à 152 »
Kaarde — Sonny était notre maître, à Padmée et moi. Et Dash était son maître à lui.
Jaina ne répondit rien, opinant seulement du chef.
Kaarde — Il est mort peu de temps avant l’attaque de Baaaaaaal. Je l’avais perçu dans la Force à l’époque, mais mes devoirs de Grand Maître m’avaient empêché d’assister aux funérailles, et de me recueillir.
On entendit dans sa voix comme une rancœur envers cette place prestigieuse ; Jaina n’avait pas conscience de tout ce que ça lui avait pris. Elle le trouvait d’ailleurs beaucoup plus austère que dans ses souvenirs.
Kaarde — Et puis tout s’est enchaîné très vite : l’attaque, le voyage dans les Régions, courir après Tyria, le mariage… puis la chasse aux Jedi, ma manipulation… des choses que tu ne sais peut-être pas.
Jaina — Je sais, pour Mahan. Toute la galaxie le savait.
Kaarde — Ce n’était pas moi. J’étais…
Jaina — Je sais. Je l’ai toujours su. C’était trop gros, quand on vous connaît un peu. Et puis, vous avez été blanchi.
Kaarde — Merci. Mais le mal est fait : je garderai toujours cette tache sur moi aux yeux du plus grand nombre. C’est toujours comme ça.
Après un silence, toujours à regarder la tombe, Jaina reprit :
Jaina — Moi non plus, je n’ai pas pu assister pour Padmée… Je n’ai pas été invitée.
L’ancien Maître tourna la tête avec un regard navré, mais sans trouver les mots à dire.
Jaina — Je ne suis pas venue pour régler des comptes. C’est loin, tout ça.
Kaarde — Il y a tellement de choses qui ont changé… Et toi ? Qu’est-ce que tu fais là ?
Jaina prit une lente inspiration :
Jaina — Je vis ici. Quand Waren a intégré Dantooine à l’Empire et que j’ai appris qu’il cherchait des Chevaliers, j’ai fui dès que possible… Tss ! À peine rentrée de l’Académie que j’étais obligée de repartir. Avec Huge, on est venus ici : oncle Frank nous logeait, et il nous a protégés aussi pendant la traque des sensitifs à la Force.
Kaarde — Je ne savais pas qu’il habitait Talorande. Il va bien ?
Jaina, surprise — Vous ne savez pas ?
Kaarde — Non… ?
Jaina — … Venez.
Il n’avait suffi qu’à marcher entre les tombes pour que Kaarde comprenne. Jaina la lui présenta donc :
« Ici repose
FRANK MORRENS
115 – 192
Héros de la République »
Quatre ans, maintenant. Quand Jaina lui dit être surprise que son ancien maître ne fût pas au courant, il lui raconta la grande hibernation. Ça expliquait donc son apparence inchangée… Et aussi le retour en fanfare des Jedi.
Puis le sujet revint sur le parrain décédé :
Jaina — Les obsèques avaient été discrètes, ici. Il a refusé que sa mort soit annoncée aux autorités, il craignait que ça n’attire l’attention sur moi. Il s’était tant donné pour la République, il méritait les honneurs…
Kaarde — Dans mes souvenirs, ton parrain n’était pas un homme qui cherchait la gloire. Il a fait ça pour te protéger ; qui sait où tu serais, s’il avait eu ces honneurs ? De plus, je doute que Sovereign aurait été ravie d’honorer la mémoire d’un soldat de la République qui s’était toujours montré loyal aux Jedi.
Jaina — Peut-être.
Autrefois, Jaina était une fille particulièrement bavarde ; aujourd’hui, tout était devenu sporadique. Ce n’était pas gênant, mais… très étrange, de se revoir aussi fortuitement après toutes ces années. Et comme elle l’avait remarqué, Kaarde avait perdu lui aussi de sa malice, il était devenu beaucoup plus grave.
En regardant à nouveau son ancienne apprentie, il remarqua un détail :
Kaarde — Tu t’es mariée…
Jaina — Oui, il y a quinze ans, presque. Si j’avais su… ajouta-t-elle en regardant la pierre de feu son parrain.
Kaarde — Comment ça ?
Jaina — Vous vous souvenez de Huge ?
Kaarde — Oui, bien sûr.
Jaina — C’était son fils.
Kaarde — Ah ! Mais… il me semblait que Big Boss avait perdu son enfant… ?
Jaina — Perdu, oui ; mais il n’était pas mort. Il l’a reconnu tout de suite, mais il nous l’a dit quelques mois après mon départ de Yavin. C’était… vraiment bizarre, au début, perturbant. Il m’a fallu du temps.
Kaarde — Alors… tu t’appelles Jaina Morrens, maintenant ?
Jaina — Oui. Bah, qu’est-ce que ça change…
Kaarde — Vous avez des enfants ?
Jaina — Oui, trois. Ils sont sensibles à la Force, je les aide à la contrôler.
Kaarde — Si tu veux…
Jaina, l’interrompant — Non.
Hors de question qu’ils rejoignent l’Académie : la situation était encore pire qu’à son époque, et comme beaucoup, elle avait entendu parler du massacre de Rhommamool ; elle ne voulait pas savoir ses enfants dans des situations aussi mortelles.
Kaarde — Je ne peux que te comprendre. Les Jedi ont perdu énormément de leur prestige. Même quand Baaaaaaal a été vaincu, ça a causé des centaines de morts chez nous, c’était moins glorieux que ce qu’on croyait. Et puis, pour ne rien arranger, il y a eu ça. Et la traque de Sovereign, la haine contre la Force…
Il se tut un instant, avant de reprendre :
Kaarde — Ce n’est pas plus mal que tu sois partie : il y avait des chances que tu te retrouves sur Rhommamool, toi aussi…
Il parut se perdre dans ses pensées, replongeant à cette époque.
Kaarde — J’aurais dû faire comme toi, depuis longtemps ; comme Dash et Sonny : m’en aller. Quitter l’Ordre et vivre ma vie. Bloli n’aurait pas été là-bas.
Jaina — Bloli aussi… ?
Il ne répondit que par un soupir de regret.
Kaarde — On n’a même pas eu le temps de rapporter son corps, ni ceux des autres. Ça, les familles – pour ceux qui en avaient – ne nous l’ont jamais pardonné, en plus des morts. C’est fréquent que les proches demandent les dépouilles ou les cendres de leurs Jedi. Et ils n’auront jamais de sépulture… Рutаin.
Choquée, Jaina leva les sourcils : c’était bien la première fois qu’elle entendait Naberry jurer à ce point. Mais on sentait une immense tristesse dans sa voix, et la femme percevait sans forcer une culpabilité qui le rongeait au fond de ses tripes.
Kaarde — Tout ça, c’est de ma faute.
Jaina — Pourquoi ?
Kaarde — C’était à cause de moi que Bloli était allée sur Rhommamool. Et en général, c’était à cause du meurtre de Mahan que la République s’est retournée contre les Jedi, et qu’elle était enthousiaste à nous massacrer. Je n’aurais pas dû m’évader de prison, c’était tellement évident, et pourtant... et pourtant...
Tous ces événements l’avaient brisé : s’il restait physiquement identique au moment où ils s’étaient abandonnés, Jaina ne retrouvait plus le Jedi malicieux et parfois fantaisiste des Régions inconnues. Et pourtant, déjà à cette époque, il avait bravé bien des épreuves…Ce message a été modifié par La_Mirialane le lundi 16 janvier 2023 - 16:43jeudi 13 octobre 2022 - 20:45 Modification Admin Réaction Permalien
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Partie II
En toute honnêteté, Kaarde avait assez vite oublié Jaina. Les événements qui avaient suivi son départ eurent de quoi la remplacer, puis deux autres apprentis lui avaient succédé. Fanger n’avait été qu’une padawan de plus, pendant deux ans, qui n’avait pas fini sa formation ; l'ancien Maître Jedi en avait eu des tas comme elle tout le long de sa carrière.
Pourtant, la rencontrer maintenant fit ressurgir bien des souvenirs qui, pour lui, ne dataient de pas si loin. Des souvenirs drôles, comme avec son hérisson en peluche ; mais aussi des moins légers.
Kaarde — Jaina, je… Tu sais, quand tu es partie, j’ai repensé au message que tu m’avais laissé. Je n’ai pas voulu t’en parler au mariage, j’aurais peut-être dû… Je pense que je n’étais pas un bon maître pour toi.
Elle le laissa continuer, sans rien dire.
Kaarde — Avec le recul, tu étais une padawan qui avait besoin d’attention, d’être accompagnée. Tu étais très douée, mais tu avais besoin de cette relation. Je ne réalisais pas bien à quel point tu étais jeune, je n’en avais plus formé de ton âge depuis longtemps, et j’étais trop habitué à l’indépendance de Zatila. Je t’aimais bien, mais Padmée ne m’avait pas laissé le choix : elle t’a jetée dans mes bras sans me prévenir, et je n’ai pas su dire non. C’était mon défaut : j’ai toujours été trop prompt à aider les autres, à rendre service… et je l’ai fait avec toi sans réfléchir, sans… J’étais encore trop soulagé de la « mort » de Baaaaaaal, et je ne savais pas pour Tyria. J’ai cru que j’aurais enfin un peu de temps pour me poser et te former tranquillement, alors j’ai accepté. J’aurais dû voir plus loin que ça. Je suis désolé…
Non pas que ça ne lui avait pas fait plaisir. Mais effectivement, il n’avait pas mesuré le temps que nécessitait la formation d’une padawan – le pouvait-il, seulement…
Et puis, Jaina était une adolescente, qui avait à la fois besoin de s’émanciper et en même temps qu’on lui tienne un peu la main. C’était encore une enfant quelque part, immature de par son passé doré, d’après ce qu’elle lui avait raconté à l’époque. Il n’en avait pas hérité à la période la plus facile de la vie.
Kaarde — Mon rôle de Grand Maître ne me permettait plus de former quelqu’un comme toi. J’aurais dû t’orienter vers Aynor, ou Zatila. Cera – enfin, Ceno –, je sais qu’il avait des ambitions pour toi, mais il avait déjà trois padawans.
Jaina — De toute façon, il n’aimait pas Huge ni le fait qu’on soit ensemble. Huge ne pouvait pas le saquer non plus. Ça ne se serait pas bien passé.
Kaarde — Quoi qu’il en soit, je te demande pardon : j’ai été maladroit de te laisser à l’Académie comme ça, sans explication. Tu as dû penser que je voulais me débarrasser de toi… J’étais trop concentré sur la recherche de Tyria ; ce que j’ai appris sur elle pendant les Régions m’a fait passer cette affaire en priorité, une urgence… je ne pouvais pas t’emmener avec moi. Mais j’ai réalisé aussi – trop tard – que ce n’était pas bien de ma part de te laisser pour compte. À l’époque, je n’ai pas hésité ; mais avec le recul, je me rends compte que c’était indélicat.
Jaina — Je comprends… Il y a des moments où certaines choses ne peuvent pas marcher. Je suis arrivée à celui-là.
Kaarde — Oui.
Il se dit que Padmée aurait été la meilleure maître possible pour Jaina, mais qu’elle était arrivée trop tard, à un moment où sa sœur était lasse de l’Ordre. Jaina n’avait pas pu lui redonner un bol d’air : elle voulait se marier, se poser, prendre sa retraite. Ça pouvait se comprendre, et on ne pouvait pas le lui reprocher. Mais ce fut à la pauvre Fanger de payer les pots cassés. Était-ce là la volonté de la Force, que de perdre un élément aussi prometteur à cause d’un mauvais timing ?
De nouveau, le silence, brisé parfois par quelques soupirs de l’un ou de l’autre. Ils réfléchissaient à ces aveux qui, sans vouloir régler de comptes, avaient besoin de sortir après plus de vingt ans.
Jaina — Vous savez… Une fois, j’ai fait un rêve. Vous veniez sur Dantooine, pour une mission dans les ruines de l’Enclave, je ne sais plus quoi. Et je vous aidais. Ça m’a fait réaliser qu’en fait, on n’avait jamais fait de mission ensemble. Une vraie mission, actée – ce qu’il s’est passé dans les Régions, c’était différent, on n’était pas seuls.
Kaarde — C’est vrai… Encore une fois, j’étais trop pris par Tyria, et j’avais peur que la situation soit trop dangereuse pour toi.
Jaina — Vous aviez oublié que j’étais presque Chevalier ?
Kaarde — Ce n’était pas une question d’être « padawan » ou « Chevalier », ça allait au-delà de ça… Ce n’était pas une mission de routine où on arrête un groupe de pirates ou escorter un politicien ; je connaissais Tyria, je ne savais que trop bien de quoi elle était capable et ce qu’elle comptait faire. Toi, tu ignorais tout, et te l’expliquer n’aurait pas suffi : derrière cette affaire, il y avait énormément de passé vécu, peut-être avant même ta naissance. Tu ne pouvais pas comprendre tout le poids de cette histoire, et par conséquent, tu pouvais prendre de mauvaises décisions qui nous auraient mis en danger. Et je ne dis pas ça parce que c’était toi : j’aurais dit la même chose à Zatila.
Jaina l’écouta en hochant doucement la tête, le regard dans le vide.
Jaina — Ne vous justifiez pas. C’est du passé, j’ai refait ma vie.
Kaarde — Je sais. Mais je voulais que tu le saches – car contrairement à ce que tu disais dans ton message, je savais que j’étais en partie fautif de ton départ. C’est aussi pour ça que je n’étais pas le maître idéal pour toi : nos caractères collaient bien, mais j’avais fini les missions de routine, je faisais face à des dangers trop grands pour une padawan… de ton âge, en plus. Dans des contextes qui te dépassaient.
Jaina ne répondit rien, puis il reprit :
Kaarde — Zatila aurait été mieux pour toi, ou Pad, qui faisait des missions plus tranquilles. Mais peut-être que tu ne comprenais pas, à l’époque.
Jaina — Sans doute. En tout cas, je comprends aujourd’hui.
Encore heureux qu’elle avait gagné en maturité en vingt ans. Puis Kaarde reprit :
Kaarde — … Tu m’en as voulu ?
Elle prit un temps, et une longue inspiration :
Jaina — Peut-être plus que je n’ai voulu l’admettre. Le comportement des Jedi au mariage, personne qui ne voulait me parler, comme si je n’existais plus… Même vous : pas un mot, à peine un regard…
Kaarde — J’en suis sincèrement désolé. Comme je te l’ai dit, je n’osais pas te reparler ; pas parce que je voulais t’ignorer, mais… je ne savais pas quoi dire à propos de ton message, et j’avais peur que tu mettes ce sujet sur la table.
Fuir ? Ça ne lui ressemblait pas du tout. Mais parfois, les situations les plus délicates n’étaient pas forcément les plus dangereuses ou les plus mortelles…
Jaina — Je comprends. Mais ça m’a fait du mal à l’époque, ça m’a beaucoup vexée – surtout que j’étais demoiselle d’honneur de Pad. J’étais contente de vous revoir, tous, et finalement j’ai eu une douche froide. Ça ne s’est pas arrangé avec ses funérailles.
Elle soupira, plus de regret que d’animosité.
Jaina — Mais bon… les rancœurs sont passées, et puis tout ce qui est arrivé après m’a fait oublier tout ça ; j’avais bien d’autres choses à penser.Ce message a été modifié par La_Mirialane le lundi 16 janvier 2023 - 16:24vendredi 14 octobre 2022 - 21:00 Modification Admin Réaction Permalien
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Partie III
Kaarde et Jaina ne cessaient de se plonger dans leurs souvenirs, surtout en mentionnant cette perte qui les avait marqués tous les deux, pour des raisons différentes.
Jaina — Sachez quand même que… je sais que ça fait loin, maintenant, c’est peut-être trop tard… mais je compatis sincèrement, pour Padmée. Elle me manque encore, parfois, vous savez… Je n’ose même pas imaginer combien ça a dû être dur pour vous.
Kaarde — Merci. Tu as raison, ça fait longtemps, mais il n’est jamais trop tard. Oui, ça a été très dur ; je n’ai jamais perdu autant d’êtres chers, cette année-là : Padmée, Bloli, Mirax… Ceno, aussi…
Jaina — Excusez-moi, mais Padmée, c’était l’année dernière, non ?
Kaarde — Oui, pardon. Pour moi, ça n’a fait que quelques mois d’écart… Et d’une certaine façon, j'ai perdu Mahan aussi – je ne m’en suis jamais remis, pour d’autres raisons.
Jaina — Ça peut se comprendre.
Kaarde — Ça n’a pas toujours été facile avec Pad, elle avait son caractère et on n’était pas forcément d’accord sur tout, notamment sur la vision de l’Ordre… mais elle me manque, à moi aussi. C’était celle de nous quatre avec laquelle je restais le plus proche.
Jaina — Vous l’avez déjà revue ? En esprit, je veux dire.
Kaarde — Non… Obitom et Mace non plus. Et toi ?
Jaina — Non plus. Quand j’ai appris sa mort, j’avais voulu la revoir… pour lui dire au revoir, au moins. Mais jamais. Jamais…
Kaarde — Je ne sais pas si elle avait appris ce pouvoir de la Force.
Jaina — Il faut croire que non. Moi qui pensais qu’après toutes ces années à les enseigner, elle les maîtrisait tous…
Finalement, revoir Jaina saine et sauve lui avait égayé le cœur : tout ne lui avait pas été arraché, en définitive – du moins, de manière irréversible. Elle n’était pas restée son apprentie aussi longtemps que Tyria, que Zatila ou d’autres, ils n’avaient jamais fait de mission, mais ça restait une de ses padas.
Jaina — Et l’Ordre, maintenant ? Comment ça se passe ?
Kaarde lui expliqua avoir pris sa retraite et s’être éloigné des Jedi, qu’il avait légué son titre à Jorus – le pauvre –, et qu’il passait son temps à se ressourcer autant qu’à méditer sur toutes ces années à servir la cause Jedi ; pour le meilleur comme pour le pire.
Jaina — Ne vous morfondez pas : c’est très mauvais pour la santé.
Il pouffa un peu de cette réflexion légère – la première depuis les retrouvailles. Jaina fut contente d’apprendre la survie de Shina – qui avait pris du galon – mais attristée du départ de Zatila, peu de temps après elle. La chute de Ceno vers les pans obscurs de la Force la déçut. En effet, beaucoup de choses avaient changé. Aurait-elle pu les empêcher ? C’eut été fort prétentieux.
Jaina — Et vous habitez où, maintenant ? Sur Naboo ? Myrkr ?
Kaarde, sur une réserve — … Je préfère garder ça pour moi. Ce n’est pas contre toi, je veux simplement rester tranquille un long moment, peut-être pour toujours. Si je dois te revoir, je préfère faire le voyage moi-même. Tu penses retourner sur Dantooine un jour ?
Jaina — J’aimerais. Enfin… mon cœur voudrait, mais mon portefeuille… je gagne mieux ma vie ici, très clairement. Ah… c’est compliqué. On respire mieux sur Dantooine, il y a de grands espaces, même la connexion avec la Force est plus grande, c’est là où je suis née, c’est là où il y a ma famille… J’ai toujours peur que certains d’entre eux soient engagés de force dans l’Empire.
Kaarde — Tu ne m’avais pas dit qu’il n’y avait que toi de sensible à la Force ?
Jaina — Oui, mais je parlais de manière générale : soldat, ou je sais pas… Et mes parents commencent à devenir très âgés, c’est difficile d’être aussi loin. Et puis, il y a oncle Frank : il voulait reposer sur sa planète natale, mais avec l’Empire actuel, ce n’est pas possible.
Kaarde — Tu as quand même beaucoup d’arguments en faveur de Dantooine.
Jaina — Oui, mais j’ai trois enfants à nourrir, aussi. Et Huge gagne mieux sa vie aussi sur Talorande. On met de côté en attendant. Et puis comme je vous l’ai dit : je ne veux pas être réquisitionnée en Chevalier Impérial, et encore moins mes enfants.
Kaarde — C’est sûr.
Si Kaarde porta bien des responsabilités, celle d’avoir des enfants n’en faisait pas partie. Il était conscient des besoins matériels dont nécessitait une famille, là où à l’Académie ou au Temple, on disposait de tout à volonté.
Jaina — Vous… voulez passer à la maison ?
Kaarde — Non, merci, c’est gentil. Je ne veux pas m’immiscer dans ta vie de famille. Et de toute façon, je comptais repartir après avoir vu Sonny.
Elle avait pensé qu’il accepterait. Mais peut-être voulait-il ne pas traîner : ça restait quelqu’un de connu dans la galaxie, et si le ressentiment contre les Jedi était toujours aussi vif, Kaarde pouvait payer pour les autres.
Jaina proposa au moins de l’accompagner jusqu’à sa navette : elle était contente de le revoir, malgré le temps et les erreurs d’autrefois ; les rancœurs passées, finalement, elle gardait un bon souvenir de son passage de deux ans à peine au sein de l’Ordre.
En une vingtaine de minutes, ils atteignirent le hangar.
Jaina — Bon… Eh bien voilà.
Kaarde — Oui. Ça m’a fait plaisir de te revoir.
Jaina — Oui, moi aussi. Où que vous alliez, rentrez bien.
Kaarde — Merci. Toi aussi.
Jaina — Si jamais vous revenez sur Talorande, vous saurez me trouver. Ou sur Dantooine, si Waren s’en va.
Kaarde, souriant — Je n’y manquerai pas.
Elle soupira : quelque part, elle n’avait pas envie qu’il s’en aille. Elle faisait un bond de vingt ans en arrière.
Jaina — Au revoir… maître.
Kaarde — Au revoir, padawan. Que la Force soit avec toi.
Jaina — Que la Force soit avec vous aussi.
Puis il embarqua et la rampe remonta. Quelques minutes après, la navette ronronna et amorça un décollage, pour partir vers les nuages ; à travers le transpacier du cockpit, Jaina vit Kaarde la saluer de la main, un signe qu’elle rendit, puis le vaisseau s’envola et disparut derrière les immeubles de la cité céleste.
Jaina eut comme un étrange pressentiment : comme si elle n’allait jamais le revoir. Et ça la rendait triste. C’était comme ça.Ce message a été modifié par La_Mirialane le lundi 11 septembre 2023 - 23:44samedi 15 octobre 2022 - 21:20 Modification Admin Réaction Permalien
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