La critique du roman sur Kanan par John Jackson Miller
Avant toute chose, notez que si ce roman est sorti cette année en VF, c'est le tout premier roman du nouvel univers officiel de Star Wars sorti en VO. L'auteur cependant, n'est pas nouveau dans cet univers, puisque c'est le scénariste des BD Chevaliers de l'Ancienne République et Chevalier Errant (univers Légendes) , et l'auteur de la série de ebooks (inédits en France) Lost Tribe of the Sith. C'est également son 2ème roman, le premier étant Kenobi dont vous pouvez retrouver ma critique ici.
Le premier intérêt de ce livre est évidemment le personnage de Kanan, dont on découvre une facette jusqu'à présent inédite.
C'est un jeune homme en cavale, qui cherche seulement à se faire oublier, à se cacher, mais ne peut s'empêcher d'aider son prochain, voire à faire preuve occasionnellement d'héroïsme. Et en cela il ressemble à Kenobi dans le roman classé Légendes de Miller. En revanche, là où il s'en différencie, c'est qu'il n'utilise quasiment pas la Force, du moins pas de manière ostentatoire, et jamais son sabre laser, pour réaliser ces actions.
On découvre aussi en lui un homme blessé, acculé, qui se réfugie dans le travail et l'alcool, et se laisse souvent dominer par ses émotions, que ce soit la colère ou le désir, ce qui marque bien sa différence par rapport aux Jedi qui ont fini leur formation. Il a aussi un petit côté Han Solo, grande gueule et dragueur, qui le rend vraiment attachant.
Hera, le 2ème personnage principal du livre, a également une personnalité intéressante, mais je l'ai trouvée trop différente de la Hera que l'on connaît dans la série Star Wars Rebels. Elle est courageuse, idéaliste, et très impliquée dans la Rébellion (elle semble même être un des fers de lance de l'Alliance Rebelle naissante en fait), comme dans la série, mais c'est aussi une super guerrière, acrobatique, presque invicible... Dans certaines scènes d'action elle fait encore plus "Jedi" que Kanan...
J'ai été un peu déçu par le méchant de l'histoire, qui pour une fois n'est pas un chef militaire, mais un bureaucrate, chargé de la gestion des ressources de l'Empire (!). Le Comte Vidian me fait penser à Cylo (le cyborg de la série de comics Dark Vador chez Panini) dans son efficacité et son machiavélisme, mais j'ai trouvé que Miller n'avait pas su choisir, pour le construire, entre 2 personnalités qui s'opposent. D'un côté celle, froide et calculatrice, du robot sans émotion et capable de commettre un génocide sans état d'âme pour améliorer le rendement des usines impériales. Et de l'autre, la machine à tuer qui prend vraiment du plaisir à torturer et tuer, et dont le but ultime est la vengeance. J'aime en général les personnages complexes, mais là, je l'aurais préféré moins ambigu.
Les personnages secondaires ont tous une vraie personnalité, une vraie histoire, que ce soient les membres de l'équipe éphémère de Kanan et Hera, les impériaux (et notamment l'Amirale Sloane), voire les travailleurs de la mine. Ce background amène une vraie richesse au récit, dans lequel chacun a non seulement un rôle à jouer, mais aussi une histoire à vivre.
Le récit en lui-même relate un événement mineur (sans jeu de mot) dans l'histoire de la galaxie (une crise locale sur une planète minière qui produit un matériau entrant dans la composition des boucliers de la flotte impériale...), mais qui participe pourtant aux fondations de choses beaucoup plus grande, comme les prémices de l'équipage du Ghost, voire de l'Alliance Rebelle.
On trouve aussi dans ce roman une petite enquête policière pas mal ficelée, mais dont on se doute quand même un peu du résultat avant la révélation...
C'est aussi une description d'une petite communauté de personnes oubliées de la galaxie, domaine dans lequel excelle John Jackson Miller (et qui n'est pas sans rappeler celle du petit village de Tatooine dans le roman Kenobi).