La critique de l'adaptation du roman en BD, par Jody Jouser et Luke Ross
Cet album est, comme spécifié dans le sous-titre de cette actu, une adaptation de l'excellent roman Thrawn, de Timothy Zahn, dont j'avais réalisé une review ici. En règle générale, je ne suis pas fan des adaptations de romans en BD, car je trouve que le style de narration en images ne se prête pas à toutes les histoires, et qu'on a souvent une perte d'intention, de profondeur et de sens. Je vous annonce la couleur tout de suite : cette adaptation ne déroge pas à la règle.
J'avais adoré le roman, ce mélange complexe d'intrigues politiques et de stratégies militaires qui menèrent parallèlement Thrawn et la Gouverneure Pryce à leurs postes prestigieux au sein de l'Empire. Mais il n'est pas possible de les représenter correctement dans une BD, le format des comics ne se prête pas à la description de toute cette complexité, et est davantage adapté aux récits d'action... ce que n'est pas l'histoire de Thrawn.
Aussi, les raccourcis employés rendent la narration tantôt trop simplifiée, tantôt peu compréhensible. On y perd énormément en ce qui concerne les relations entre les protagonistes, et surtout cela traduit mal le génie stratégique de Thrawn et le machiavélisme politique de Pryce. De plus, si j'avais trouvé l'évolution de cette dernière vraiment bien fichue dans le roman, la faisant passer de la jeune femme trahie au monstre sans coeur et sans vergogne au fil des pages, je n'ai pas retrouvé cette impression dans ces pages illustrées.
Le dessin de Luke Ross est plutôt réussi, les personnages sont expressifs (sauf Thrawn, bien entendu, qui reste toujours impassible) et plutôt beaux, notamment Arhinda Pryce, bien plus séduisante que dans la série Star Wars Rebels. Les décors sont riches et soignés, la maquette est originale, un peu chaotique comme je les aime, avec des cases imbriquées les unes dans les autres, pas droites, irrégulières...
En revanche j'ai été désagréablement surpris par certains encrages. Si Ross est adepte du hachurage, qui somme toute, est assez classique, il utilise aussi, à outrance, un technique d'ombrage que je trouve très désagréable, à base de points réguliers et générés (probablement) numériquement. Sur certaines vignettes, cela gâche (à mes yeux) totalement le dessin. Heureusement la colorisation tout à fait correcte de Woodard vient contrebalancer ce défaut.