La critique du roman inspiré du jeu vidéo, par Alexander Freed
Ce roman est tiré d'un jeu vidéo, auquel je ne joue pas, donc je suis parti sur cette lecture avec une appréhension : allais-je lire une histoire sans en comprendre les références, les personnages, l'auteur s'adressera-t-il préférentiellement aux lecteurs familiers avec l'univers du jeu...? Finalement, non, peut-être le roman est-il rempli de clins d'oeil ou de références à l'histoire développée dans Battlefront, mais si c'est le cas, ceux-ci ne doivent pas être indispensables pour comprendre le récit, car je ne me suis pas senti handicapé par ma méconnaissance de ce jeu.
On a affaire ici à un récit de guerre, vécue du point de vue des soldats, avec des enjeux locaux, de petite envergure pour la galaxie, à la manière de la série Band of Brothers. Cette manière d'écrire est assez intéressante, novatrice, et immersive, on vit les grandes batailles à travers les yeux des personnages et surtout à travers leurs aspirations à eux (qui consistent essentiellement à essayer de survivre, de protéger leurs camarades, et d'accomplir la mission qui leur a été assignée), sans s'occuper de celles des dirigeants, qui pensent à plus grande échelle. Et ce, d'un côté (rebelle) comme de l'autre (impérial).
Cependant le livre souffre de plusieurs défauts. Le premier, c'est que c'est long... très long. La première partie du roman est constitué d'une suite de batailles qui s'enchaînent (à la manière d'un jeu vidéo, en fait), sans que je sois arrivé à m'intéresser un peu aux personnages. Ce n'est qu'au bout de 200-250 pages qu'une histoire globale commence à se dessiner, et à rejoindre celle que l'on connaît, notamment avec la Bataille de Hoth.
Ensuite, il n'y a aucun personnage auquel j'ai réussi à m'identifier. Le personnage principal m'a paru franchement antipathique, pas très malin (voire carrément bourrin), et m'a donné l'impression de subir l'histoire plutôt que de l'écrire. Les flash-back qui lui sont consacrés ne le rendent pas plus attachant, bien au contraire, et j'aurais préféré que le héros fut un des autres personnages de la Twilight Company.
Quant aux personnages secondaires... ils restent vraiment secondaires et sont insuffisamment développés à mon goût. Notamment la stormtrooper, à qui l'auteur consacre quelques chapitres prometteurs, permettant de vivre la guerre du point de vue d'une soldate impériale, avec les informations et les désinformations dont elle dispose, et sûre d'être dans le bon camp contre les méchants terroristes rebelles. Malheureusement ces chapitres sont peu nombreux et se terminent de façon assez décevante, comme si en cours de route, l'auteur avait finalement décidé que son histoire n'était pas si intéressante que ça...
Quant à la fin, je ne vais pas vous la spoiler, mais elle manque cruellement de révélation, et on referme le roman en se disant : "bof, tout ça pour ça..."