La critique du premier roman de La Haute République, par Charles Soule
Ca y est, c'est parti, on entre dans cette nouvelle saga tant attendue ! Et dans cette nouvelle ère, pour l'instant inexplorée, même par l'Univers Légendes : le passé "pas si lointain" de Star Wars.
En effet les événements se déroulant 200 ans avant la Menace Fantôme, cela laisse une certaine liberté dans la description des systèmes politiques, de la technologie, des factions qui régissent notre galaxie préférée. Les Sith ne sont plus (en tout cas ils ne se manifestent plus), l'Ordre Jedi est florissant, la République est en paix, en partie grâce à la maîtrise (pas encore totale) des voies hyperspatiales qui permettent les échanges entre les systèmes.
Ce roman sert avant tout d'introduction à cette nouvelle saga, et installe, à travers les récits, le "décor" de cette ère : la République, avec son équilibre bien ancré, qui repose sur le libre échange, sur la propagande bienveillante mise en place par sa Chancelière, et sur la paix garantie par un Ordre Jedi à son apogée. En ceci, il semble que la lecture de cet ouvrage soit une étape indispensable pour rentrer dans cette saga qui va à l'avenir multiplier les supports (romans et comics, adulte et jeunesse), et en comprendre la toile de fond.
Mais Charles Soule a l'intelligence et le talent de ne pas en faire un livre d'histoire-géographie, un récit descriptif et soporifique. Toute cette situation géopolitique est installée en filigrane, à travers une histoire aux nombreux protagonistes, où l'action est omniprésente, et dans laquelle l'auteur multiplie les points de vue subjectifs, en changeant à chaque chapitre : on s'identifie tantôt à un pilote, tantôt à un technicien, à un Jedi, à un gangster... On pourrait reprocher le nombre élevé de protagonistes (donc de noms à retenir), d'autant que (spoiler alert !) tous ne survivront pas au chapitre qui leur est consacré... Mais l'histoire est tellement fluide et captivante que, finalement, cela ne pèse pas tellement sur la lecture de ce roman, qui se dévore.
L'événement de base, est tout simplement génial : la dislocation d'un gros vaisseau dans l'hyperespace provoque des dégâts monumentaux à l'occasion de la sortie aléatoire de ses fragments dans l'espace réel, qui détruisent tout sur leur passage. Ce type d'événement, étonnamment encore jamais décrit dans un récit Star Wars (légende ou canon), offre une réflexion sur ce qui semble, plus encore que la Force, réunir la Galaxie en un tout : le voyage en hyperespace. Et c'est cette technologie, encore mal maîtrisée en -232, qui va constituer l'enjeu principal de toute l'histoire de La Lumière des Jedi.
On dit souvent qu'une histoire est réussie si son méchant est réussi. J'ai eu un doute en début de lecture, à la découverte du groupe criminel antagoniste des héros : les Nihils. Ils me paraissaient un peu stupides, un peu trop caricaturaux... Et puis, leur organisation politique, leur idéologie et leur hyperviolence m'ont finalement embarqué, jusqu'aux révélations des derniers chapitres qui constituent un véritable cliffhanger pour la suite de la saga.
Mais abordons maintenant la meilleure facette de ce roman : l'Ordre Jedi. On rencontre ici des Jedi très différents les uns des autres, tant dans leur philosophie, leur manière d'appréhender la Force et la lumière, que dans leurs capacités. On découvre de nombreux nouveaux pouvoirs inédits (ou dérivés de pouvoirs décrits dans l'univers Légendes, comme la méditation de combat de Bastila Chan), maîtrisés par des personnages hauts en couleurs, tous mus jusqu'au sacrifice par le désir de faire triompher le bien... Des chevaliers, au sens épique et presque sacré du terme !