La critique de la première BD de la Haute République, de Cavan Scott et Ario Anindito
Voici le très attendu premier numéro de la nouvelle série de comics de La Haute République, chez Panini, sous un format encore inédit. En effet, pour la première fois, l'éditeur publie les 2 premières issues du comics américain, soit 48 pages, non pas dans un fascicule à couverture souple vendu en bureau de presse, mais dans une BD à couverture rigide (et soignée) du même format que les albums, et vendue en librairie. Et ce pour le prix (599) d'un fascicule presse. Une très bonne surprise, la qualité est vraiment au rendez-vous, d'autant plus que cet opus sort seulement quelques semaines après la publication américaines.
L'histoire est centrée sur Keeve Trennis une jeune Jedi déjà rencontrée dans le roman Une Epreuve de Courage, dont vous trouverez la critique ici, et son maître barabel Sskeer, que l'on a vu dans La Lumière des Jedi (critique ici), et se déroule entre ces 2 romans. Il s'inscrit donc parfaitement dans la chronologie de ce projet multimédia où tous les récits sont imbriqués. D'autant plus qu'on croise aussi dans ce comics, Avar Kriss, héroïne de la Lumière des Jedi, Vernestra Rwoh, héroïne d'Une Epreuve de Courage, et Yoda, un Maître Jedi un peu connu paraît-il... Cependant, que les BDphiles exclusifs se rassurent, il n'est pas indispensable d'avoir lu ces autres récits pour apprécier l'histoire.
Il est toujours un peu difficile de faire la critique d'une histoire inachevée, puisque Ordalie ne contient que les 2 premières parties d'un arc qui en possède 5. La première issue présente les personnages, la seconde met en place la situation de départ de l'histoire... Mais tout ceci se fait à travers des aventures où l'action est omniprésente, où les choses vont à la vitesse de la lumière, et on se fait d'ores et déjà une bonne idée de la personnalité des principaux protagonistes, la jeune Jedi courageuse et en quête d'approbation de la part de ses aînés, et le vieux maître torturé par les événements traumatisants qu'il a vécu dans la Lumière des Jedi, et qui marche sur le fil entre la lumière et les ténèbres. On ne s'ennuie pas, et à peine l'album refermé, on se languit de découvrir la suite (numéro 2 en juillet chez Panini).
Un petit mot sur les jumeaux Jedi non-binaires, de la 2ème issue. Certes, mettre en lumière des personnages non-binaires est à la mode, mais cela permet aussi de désinvisibiliser ces personnes, et personnellement je n'ai rien contre un peu de militantisme dans les récits de fiction. De plus c'est fait de manière intelligente et subtile, puisque ces Jedi ont à la fois cette dualité de genre, et à la fois cette dualité mystique, puisqu'ils partagent le même esprit, les mêmes émotions...
Le dessin d'Anindito, bien qu'assez classique, est agréable et varié. J'ai particulièrement aimé les regards de ses personnages féminins, très expressifs, et mis en lumière par de nombreux très gros plans sur les yeux (souvent sur un seul oeil d'ailleurs), très réussis, où les émotions des héroïnes sont parfaitement transcrites. Ces plans statiques mettant les réactions en valeur, alternent avec des dessins très dynamiques qui nous immergent efficacement dans l'action.
La maquette est bien audacieuse et désordonnée comme je les aime, avec des cases pas alignées, imbriquées les unes dans les autres, des dessins qui sortent des cases... Et quelques dessins en page complète, voire en double page, valent le détour.
La coloriste a également fait un très bon boulot, rendant les pages tantôt très lumineuses, tantôt glauques à souhait, grâce notamment à cette lumière verte qui baigne de nombreuses pages de la 2ème issue, qui traduit bien l'ambiance du récit.