La critique du roman de Kevin Hearne sur Luke Skywalker, publié par Pocket
Tout d'abord, une petite introduction sur la manière dont je découvre chaque oeuvre de Star Wars : je ne lis qu'en VF, et je m'attache à ne jamais lire aucune critique (contrairement à vous qui lisez ceci et je vous en remercie), qui pourrait être faite par les lecteurs anglophones, avant de découvrir moi-même un livre (roman ou BD). Aussi, comme à l'accoutumée, je ne savais pas à quoi m'attendre avant de lire ce bouquin, si ce n'est à travers son titre, plutôt prometteur d'une aventure majeure dans l'univers officiel...
Bon, je ne vais pas faire durer le suspense : ce n'est PAS une aventure majeure. En fait, le fait même que ce soit une histoire faisant partie de la continuité officielle de Star Wars m'étonne, tant elle n'a aucune conséquence ni aucun lien avec les autres oeuvres. Cette histoire aurait très bien pu se passer dans l'univers Légendes, voire Infinity (l'univers non officiel de l'époque où le canon était l'univers Légendes) sans que cela choque.
Ça n'en reste pas moins un roman sympathique à lire, mais dans quelques mois, j'en aurai oublié l'histoire.
La principale spécificité de ce roman, c'est qu'il est écrit à la première personne. Ça m'a un peu perturbé au début, tant c'est inhabituel dans un roman pour adultes (je crois me souvenir que le seul exemple antérieur était la duologie Moi, Jedi, dans l'Univers Légendes). Et, de fait, cela infantilise légèrement le récit, qui devient presque un roman pour ado, d'autant plus que l'acteur-narrateur est ici le jeune Luke Skywalker, peu de temps après la chute de la première Etoile Noire... donc un teenager, qui découvre le monde, les responsabilités, et l'amour...
Cependant ce mode de narration a aussi ses avantages, et notamment celui de permettre au lecteur de s'identifier au personnage que l'on a découvert dans Un Nouvel Espoir, et dont la personnalité candide est très bien respectée. Cela permet également une narration subjective, puisque bien entendu, on ne peut savoir ce que le narrateur sait. Enfin, cela nous plonge directement dans l'action, puisque les passages descriptifs sont pour ainsi dire absent du roman.
Et ça, de l'action, il y en a. D'ailleurs, il n'y a quasiment que ça. Des scènes d'action qui se suivent, ne se ressemblent pas... mais n'ont pas forcément vraiment de lien entre elles. Certains événements sont sous-exploités, comme le fait que Luke trouve un sabre laser (et donc... il n'en fait rien?), qui découvre une planète peuplée de créatures super dangereuses et intelligentes qui mangent le cerveau (et donc... on s'en désintéresse au chapitre suivant?), et séduit une fille assez extra (et donc... ils ne finissent pas dans le même lit?)... En résumé, chaque chapitre raconte une nouvelle aventure (j'exagère à peine), dans un récit très linéaire, avec assez peu de surprise ou de suspense... En revanche, contrairement à ce que le titre laissait supposer, assez peu (il y en a quand même un peu, soyons justes) de réflexions sur la Force, les nouveaux pouvoirs de "l'héritier des Jedi", les responsabilités qui vont avec... Il y a quand même un scène, la plus intéressante du livre à mon avis, où Luke a un aperçu, sans pouvoir le nommer, du Côté Obscur, et cette scène est plutôt bien amenée.
Parlons des personnages à présent. A part Luke, qui est rendu omniprésent par le fait que c'est lui le narrateur, les deux seuls autres personnages sont sa partenaire de mission Nakari, à la personnalité espiègle, et très rafraîchissante, donc très attachante, et Drusil la Givin, qui est l'objet de leur mission d'extraction. Cette dernière permet à l'auteur de se lâcher sur une des caractéristiques de cette espèce assez peu exploitée dans l'univers Star Wars : leur addiction... aux maths. Et ça, des maths, on en bouffe, tout le long du récit. C'est assez rigolo, du moins au début, mais au bout du compte ça devient assez lourd tant cela résume la totalité de l'identité du personnage.
En outre, on peut regretter l'absence de nemesis dans cette histoire sans méchant identifié.
Le style de Kevin Hearne est fluide et simple (ce qui est renforcé par la narration à la première personne) et le livre se lit assez rapidement, d'autant qu'il est assez court en terme de nombre de pages.
En conclusion : un roman distrayant, à la manière des livres pour ados, facile et rapide à lire, avec beaucoup d'actions, un héros que l'on reconnaît bien, mais qui ne fera pas date dans l'histoire de l'univers de Star Wars.