Review de The Art of The Force Awakens

Quel est le point commun entre un double sabre laser rouge et bleu, le Faucon Millennium en plongée sous-marine et l’Etoile de la Mort décollant des dunes sablonneuses de la planète Jakku ?

Ce sont des visions que vous ne verrez dans aucun film Star Wars. Et pourtant toutes ont été imaginées, à un moment ou à un autre, par les talentueux artistes de Lucasfilm. “Tout l’art de Star Wars” vous propose de les découvrir. Ce livre est un voyage dans l’imagination et la conception de l’Episode VII. Ce type d’ouvrage a eu tendance à se généraliser ces dernières années, que ce soit du côté de Pixar (Toy Story…), Marvel (Avengers…) ou Weta (Le Hobbit…) mais les pionniers dans le genre furent une fois de plus Lucasfilm puisque le premier volume apparut en librairie aux Etats Unis en 1979. Mais c’est lors du nouveau tirage des ouvrages consacrés à la trilogie orginale en 1994 puis pour les editions spéciales en 1997 que cette collection a vraiment pris son envol. Depuis, chaque film de la saga est agrémenté d’un ouvrage de la collection. Par contre le fait marquant est que pour l’épisode VII celui-ci est déjà traduit en français dès la sortie du film. Malheureusement pour les collectionneurs comme moi il est disponible dans un format différent de celui des deux précédentes trilogies.

La construction du livre est chronologique. Elle permet de suivre les propositions des illustrateurs de Lucasfilm dès la mise en chantier du projet, avant même que JJ Abrams ne rejoigne la production. Ce travail vient alimenter la réflexion du scénariste Michael Arndt, le premier à s’atteler au scénario de ce qui deviendra “The Force Awakens” puisque les illustrateurs ont au départ carte blanche. De fait, nombre de personnages, planètes ou vaisseaux sont ainsi proposés aux scénaristes et producteurs du film.

Doug Chiang, Rick Carter et leurs équipes vont donc imaginer ce que sont devenus Luke Skywalker, Han Solo et Leia, les mettre en situation, convoquant parfois le souvenir de feu Ralph McQuarrie au détour d’un concept.

Il est fascinant de voir que certaines idées sont très loin du film final, de même qu’il est intéressant de voir des concepts apparaître très tôt et évoluer tout au long du travail de design. Je pense ici à la planète Jakku, qui est très vite décrite comme un “dépotoir impérial” où les ruines de l’Empire apparaissent aux yeux de tous.

Au fil des pages j’ai aussi le sentiment que l’un des personnages les plus représentatifs du film n’est autre que le Faucon Millennium lui-même. Déjà, c’est lui que vous retrouverez en couverture, une fois soulevée la jaquette à l’effigie de Kylo Ren. Ensuite, le Faucon semble avoir été utilisé comme “maître-étalon” afin de vérifier la crédibilité des paysages dans l’univers Star Wars. A savoir : si le Faucon s’intègre dans le paysage, vous êtes dans Star Wars. Si ce n’est pas le cas, vous faites fausse route. Autre information révélatrice pour les fans de l’engin : le radar rectangulaire n’apparaît que dans les toutes dernières phases de travail. Il semble que cette idée ait germé assez tard dans l’esprit des créateurs.

Peu de texte dans ce livre, juste un repère chronologique afin que nous puissions situer à quel moment et à quel rythme les idées surgissent (présentation à Bob Iger, arrivée de Abrams et Kasdan…). De nombreux visuels sont très impressionnants et feraient le bonheur de n’importe quel fan s’ils pouvaient les afficher dans leur salon. Les techniques de composition photo-réalistes assistées par ordinateur ont beaucoup contribué à l’évolution des designs.

En fait, tourner les pages de ce livre s’apparente à s’asseoir sur le canapé du studio d’enregistrement lorsque les Beatles enregistrèrent “Sergent Pepper” : on a droit aux improvisations, aux fausses notes, aux éclairs de génie qui ont mené à l’édification du nouveau Star Wars. C’est à la fois passionnant et émouvant. Découvrir ce travail est un privilège, on a le sentiment d’être mis dans la confidence. Difficile d’imaginer que toutes ces idées, pour la plupart magiques, sont tout simplement abandonnées.

Si, comme moi, vous n’avez eu qu’une envie à votre sortie du cinéma, à savoir : vous replonger dans l’atmosphère du film, je ne saurais trop vous conseiller de l’ajouter à votre bibliothèque. Vous y verrez comment, d’ébauche en ébauche, ce travail collectif à mené à la réalisation du Réveil de la Force.

Review de Soloyann . 256 pages / 39,99€