Critique du dernier jeu vidéo estampillé Star Wars sorti le 15 novembre 2019, développé par Respawn Entertainment et édité par Electronic Arts.
9 ans ! 9 longues années se sont écoulées depuis la sortie du Pouvoir de la Force II, le dernier véritable jeu d'action à la troisième personne estampillé Star Wars. Après le rachat par Disney de la licence en 2012 et la fermeture du mythique studio Lucasarts en Avril 2013, c'est à Electronic Arts qu'a été confié la mission d'éditer les nouvelles itérations vidéoludiques de la saga et le moins que l'on puisse dire, c'est que l'expérience a jusqu'à présent reçu un accueil plutôt tiède avec notamment le premier épisode du reboot de la série Battlefront jugé trop superficiel par une grande partie de la communauté malgré une technique impeccable et un deuxième volet décrié sur son modèle économique à base de lootboxes (système qui a depuis grandement évolué dans le bon sens).
Il était donc temps pour EA de faire amende honorable et c'est finalement au studio Respawn Entertainment (à l'origine de la série des Titanfall et plus récemment d'Apex Legends) qu'a été confié la tâche délicate de réaliser un jeu d'action/aventure solo prenant place dans une galaxie lointaine... très lointaine.
Mais que vaut vraiment ce jeu attendu par des milliers de fans comme le messie ? C'est ce que nous allons tenter de voir avec ce test.
Annoncé pour la première fois à l'E3 2018 et présenté plus en détail à la Star Wars Celebration 2019, Star Wars : Jedi Fallen Order nous place dans la peau de Cal Kestis, un ancien padawan ayant échappé à l'ordre 66 après la mort de son maître et forcé de se cacher des forces impériales sur la planète décharge Bracca où il sera employé au sein de la Guilde des Ferrailleurs pour le compte de l'Empire. A la suite d'un incident l'ayant forcé à révéler sa véritable nature, Cal sera traqué par l'Inquisitorius et secouru par Cere Junda, une ancienne maître Jedi ayant rompu ses liens avec la force ainsi que Greez Dritus, un pilote Latero, bourru et accro au jeu. Ensemble, cette fine équipe tentera de trouver le moyen de faire renaître l'Ordre Jedi de ses cendres afin de s'opposer à l'Empire tout en tentant d'échapper aux terribles inquisiteurs.
Ce test n'engage que son auteur et se veut avec le minimum de spoilers possible. Je vous encourage également à donner votre propre avis et/ou à faire part de votre ressenti dans les commentaires. Il a été réalisé à partir de la version PS4 du jeu et sur le modèle "fat" de la console, les aspects techniques ne concerneront donc que le rendu sur ce modèle et pas sur PS4 Pro, Xbox One (X) ou PC.
I°) Une technique correcte mais perfectible
Intéressons nous tout d'abord à l'aspect technique du jeu qui tourne sous le moteur Unreal Engine 4 (à l'inverse des Battlefront de 2015 et 2017 qui utilisaient le moteur maison de chez DICE : le Frostbite) et si le jeu est globalement assez joli, ce serait mentir que de prétendre qu'il nous assène une véritable claque visuelle. Il mise plutôt sur une direction artistique retranscrivant très bien l'univers de la saga malgré l'éternel poncif des planètes monoclimatiques qui font la renommée de cette dernière depuis plus de 40 ans.
Puisque l'on en est à parler des planètes, ces dernières sont au nombre 5 (plus quelques unes que l'on visitera de manière ponctuelle au cours de l'aventure) et il sera possible de les rejoindre à notre guise via l'holotable du vaisseau de Greez (comme dans la série des Mass Effect) : le Stinger Mantis. Il est intéressant de noter que dans un souci d'immersion, les déplacements ne se font pas via un banal écran de chargement mais en quasi temps réel avec la possibilité de vaquer à ses occupations dans le vaisseau avant d'arriver à destination. Nous n'aurions sûrement pas craché sur une planète supplémentaire, histoire de développer un peu plus le scénario du jeu et gonfler la durée de vie qui demeure malgré tout assez acceptable pour un jeu de ce genre (une petite trentaine d'heures pour finir le jeu en ligne droite en difficulté maximale et probablement une bonne dizaine d'heures supplémentaires pour les accros du 100%).
Les personnages principaux, aussi bien dans les cinématiques que lors des phases de jeux bénéficient d'une très bonne modélisation (malgré des expressions faciales parfois un peu aux fraises) mais là où le bât blesse réellement, c'est dès lors que l'on va s'intéresser aux PNJ dont le modèle frôle parfois la grossièreté la plus totale. On pensera notamment aux Wookies ou aux rebelles de Saw Guerrera dont la modélisation des visages est indigne d'un jeu de cette génération.
Cette critique s'applique également à Saw lui même dont les traits rappellent globalement Forest Whitaker sans pour autant nous faire tomber de notre siège. Certaines animations de Cal sont également assez "raides", notamment en ce qui concerne les sauts et la course qui donnent l'impression d'avoir affaire à un personnage un peu gauche plutôt qu'un véritable Jedi virevoltant comme on peut les voir dans les épisodes de la prélogie ou la série The Clone Wars.
A l'heure actuelle, le jeu n'est pas totalement exempt de bugs en tout genre avec les habituels problèmes de collision, les retard d'affichage de certaines textures et certains ennemis ... mais là où les choses deviennent problématiques, c'est lorsque l'on subit des chutes massives de frame rate et des freezes de plusieurs secondes dès lors que la machine doit afficher beaucoup d'éléments à l'écran. Nul doute cependant que ces problèmes seront corrigés par la suite avec un patch, la question étant de savoir quand.
Concernant la bande son, rien à redire, le jeu mêle habilement des thèmes classiques de la saga avec des morceaux inédits (composés par Gordy Haab et Stephen Barton) qui, sans être particulièrement mémorables, se fondent parfaitement avec la symphonie des compositions de John Williams. L'ambiance sonore générale de la saga est de la même façon parfaitement respectée (notamment grâce à une collaboration avec les ingénieurs de chez DICE qui avait déjà fait un travail remarquable sur les derniers Battlefront).
II°) Un gameplay reprenant le meilleur du genre
D'un point de vue du gameplay, le jeu mêle habilement des phases de combat très largement inspirées par la série des "Soulsborne" (terme utilisé pour parler des productions From Software que sont Demon Souls, la trilogie des Dark Souls, Bloodborne et plus récemment Sekiro) dont il reprend très largement les mécaniques avec la nécessité d'user de toute la palette de mouvements à notre disposition (parade, esquive, coups rapides et puissants et pouvoirs de la force) pour se sortir de situations parfois délicates en cas de surnombre d'ennemis ou même de bosses un peu trop coriaces (je recommande d'ailleurs aux plus courageux d'entre vous de commencer le jeu en difficulté Grand Maître Jedi afin de pimenter un peu votre expérience, malgré l'absence de trophée lié à la difficulté du jeu) ainsi que des phases d'exploration très largement inspirées de la série Uncharted de chez Naughty Dog ou de la trilogie rebooté Tomb Raider de Crystal Dynamics avec escalades de murs et phases de plateformes à gogo.
La comparaison avec la série des Soulsborne ne s'arrête d'ailleurs pas aux seuls combats puisque certaines mécaniques de la série sont également reprises de manière plus ou moins subtile avec des points de méditation faisant office de feux de camps, où l'on pourra se reposer et recharger son énergie et ses stimulateurs de santé (en contrepartie de la réapparition des différents ennemis tués au cours de notre périple) ainsi que la perte des points d'expérience accumulés en cas de mort (points qu'il faudra récupérer en frappant l'ennemi nous ayant porté le coup fatal).
La comparaison s'arrête cependant ici en matière de progression puisque les points d'expérience que l'on accumule serviront à débloquer des compétences dans un arbre somme toute assez classique, à l'image de jeux comme The Witcher III ou bien encore les derniers volets de la série des Assassin's Creed. Les différents éléments de customisations, bien que très sympathiques (notamment la customisation de A à Z de son sabre laser), demeurent uniquement cosmétiques et n'influent en rien sur la puissance de Cal.
De plus, le jeu présente un léger aspect "Metroidvania" (le fait de pouvoir revenir dans certains lieux uniquement après avoir débloqué une capacité particulière) qui tient tout de même plus de l'accessoire qu'autre chose.
On notera également la présence permanente de notre fidèle droïde BD-1 dont l'utilité (en dehors de son aspect infiniment mignon) se résumera à scanner des éléments permettant d'en apprendre plus sur les lieux visités, pirater des consoles ou prendre le contrôle de certains droïdes impériaux dès lors que ces derniers auront été suffisamment affaiblis.
Le bestiaire demeure à mon goût relativement pauvre avec généralement 2 voire 3 créatures différentes par planète (dont une version Alpha qui fera souvent office de mini-boss pour des combats assez peu orignaux) mais on retrouve cependant une assez riche déclinaison des stormtroopers de la trilogie originale ainsi que l'ajout de nouveaux arrivants, les Purge Troopers, qui vous donneront du fil à retordre pour peu que vous ne cherchiez pas à jouer la facilité en les bazardant dans le vide à tout va.
Contrairement aux mini bosses évoqués précédemment, les véritables combats de boss sont en revanche extrêmement sympathiques (bien qu'un peu simple même en difficulté maximale), notamment les différents duels au sabre laser qui parsèment le jeu.
III°) Une histoire sympathique mais trop convenue et peu ambitieuse
En ce qui va concerner l'histoire, c'est probablement l'aspect qui fait perdre le plus de points au jeu à mon avis. Loin de moi l'idée d'affirmer que cette dernière est mauvaise car si le scénario est un peu long à se mettre en place, le dernier tiers du jeu nous mettra face à de très bonnes séquences d'émotions avec de nombreuses références à l'univers qui raviront j'en suis sûr les fans les plus acharnés de la saga. Je trouve cependant dommage que l'histoire dans sa globalité, à l'image de beaucoup de media du canon actuel, soit si peu ambitieuse et demeure assez convenue, ne permettant pas par exemple de porter un regard neuf sur tel ou tel élément de la saga.
Les rebondissements sont ultra prévisibles et usent de poncifs vus et revus au sein de l'univers Star Wars et dans de nombreux autres univers (on ne peut pas toujours réinventer la roue me direz-vous, mais là on se trouve vraiment face au minimum syndical). Le jeu met en place des éléments de lore qui pourraient se montrer intéressants, mais qui sont abordés de manière beaucoup trop superficielle pour pouvoir générer une grande hype autour de Cal et de son éventuelle implication dans le reste de l'univers. La fin reste suffisamment ouverte pour envisager une suite (si le jeu marche bien, ce dont je ne doute pas) mais les joueurs auront-ils vraiment envie de connaître cette potentielle suite une fois leur aventure achevée ? La question est posée.
En conclusion, je ne vais pas bouder mon plaisir, Jedi Fallen Order est un jeu qui m'a personnellement beaucoup plu, malgré ses quelques défauts techniques et son histoire assez convenue. Le fait de se retrouver dans la peau d'un Jedi et massacrer des hordes de stormtroopers ou se battre en duel avec un inquisiteur est particulièrement jouissif et il serait hypocrite d'affirmer que ce jeu n'est pas celui que les fans attendaient depuis la sortie du Pouvoir de la Force II dont il se pose clairement comme le successeur spirituel. Le jeu n'est cependant pas la claque ultime que beaucoup pouvait espérer mais il demeure une aventure vidéoludique très honnête prenant place dans notre galaxie favorite... Ce qui il faut l'avouer se fait un peu trop rare de nos jours.
Je ne sais pas si l'attribution d'une note est pertinente mais s'il fallait vraiment en donner une pour synthétiser mon ressenti sur le jeu : cette dernière oscillerait entre un bon 15/20 ou un petit 16/20 (selon comment seront corrigés les petits problèmes techniques du soft sur console par la suite).