Review : Thrawn Alliances chez Del Rey

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Review : Thrawn Alliances chez Del Rey

Critique du roman Thrawn Alliances par Timothy Zahn


Le Thrawn nouveau est arrivé ! A peine quelques mois après la sortie française du roman retraçant l'origin story de l'Amiral Chiss le plus redouté de la galaxie, le deuxième volet de ses aventures a débarqué ce 24 juillet en version originale.

Situé chronologiquement entre la saison 3 et la saison 4 de la série animée Star Wars Rebels, le roman, toujours écrit par Timothy Zahn nous plonge dans deux époques différentes puisque ce n'est pas une, mais bien deux histoires distinctes que l'on peut y découvrir en parallèle : d'un côté Thrawn et Vador, envoyés par l'Empereur pour enquêter sur une mystérieuse perturbation dans la force (que je ne révélerai pas ici pour ne rien gâcher), ressentie par ce dernier dans les régions inconnues et de l'autre, une remontée dans le temps, vers la fin de la Guerre des Clones, où un concours de circonstances fera que le jeune Général Anakin Skywalker se verra presque contraint de faire alliance avec un officier d'une race inconnue : Mitth'raw'nuorodo (ou Thrawn pour les intimes), encore commandant pour l'Ascendance Chiss, bien des années avant son exil forcé.

Cette critique n'engage que son auteur et je vous encourage à donner votre propre avis ou faire part de votre ressenti et de vos attentes dans les commentaires.


Avant toute chose, un petit rappel du résumé du livre tel qu'il nous est présenté par l'éditeur :
« J’ai senti une perturbation dans la Force. »

Ces mots résonnent comme un mauvais présage en toutes circonstances mais encore plus lorsqu’ils sont prononcés par l’Empereur Palpatine. Une menace contre l’Empire se profile sur Batuu, aux confins des Régions Inconnues. Son existence est à peine perceptible et les conséquences qu’elle pourrait engendrer sont pour l’instant imprévisibles. Elle est cependant suffisamment troublante aux yeux de l’Empereur pour que ce dernier envoie ses agents les plus puissants mener l’enquête : Dark Vador, son impitoyable homme de main, mais également le stratège le plus brillant de l’Empire, le Grand Amiral Thrawn. Ces féroces rivaux se disputent les faveurs de l’Empereur et se mènent une guerre ouverte sur les affaires impériales, notamment le projet de l’Étoile de la mort. Ce formidable duo paraît de prime abord assez improbable pour mener à bien une mission si cruciale. Mais l’Empereur sait que ce n’est pas la première fois que Vador et Thrawn auront à joindre leurs forces. Il y a bien plus derrière cet ordre impérial que quiconque puisse suspecter.

Dans ce qui semble avoir été une autre vie, les chemins du Général Anakin Skywalker de la République Galactique et du Commandant Mitth’raw’nuruodo, officier de l’Ascendance Chiss, se sont croisés pour la première fois. Le premier menait une quête personnelle désespérée tandis que le motivations du second étaient inconnues ... et confidentielles. Face à une série de dangers sur un monde reculé, ils ont dû former une alliance fragile, sans avoir la moindre idée de ce que leur réservait l’avenir.

De nouveaux envoyés en mission ensemble, ils se retrouvent liés sur une planète où ils ont jadis combattu côte à côte. En ce lieu, leur allégeance à l’Empire sera mise à rude épreuve, tout comme leur puissance combinée qui sera menacée ... par un ennemi inconnu.
Tout d'abord, on sent que l'écriture de Timothy Zahn est beaucoup plus libérée dans ce roman qu'elle ne l'était dans le premier volume de la série où la nécessité de lier le roman à la série Rebels se faisait énormément ressentir, particulièrement avec l'arc consacré au Gouverneur Pryce. Ici, plus de contraintes et il est totalement possible de lire le livre sans avoir jamais vu un seul épisode de la série Rebels (bien que la défaite du Grand Amiral sur Atollon et l'apparition du Bendu soient évoquées à plusieurs reprises).

Le roman va ainsi nous placer dans deux époques et nous faire vivre deux aventures différentes qui par bien des aspects, se feront mutuellement écho au fur et à mesure que chacune d'entre elle suivra son cours. Si la structure peut, à certains égards, rappeler la narration totalement déstructurée du roman Last Shot (dont vous pouvez retrouver notre chronique ici), il n'en est rien puisque les sauts dans le temps se font de manière fluide et de telle façon que l'on ne perd jamais le fil des événements que l'on vient de quitter et que l'on retrouvera quelques chapitres plus tard. En ce sens, Timothy Zahn réussit un pari que Daniel José Older avait largement perdu lors de son expérimentation avec Last Shot.

A titre personnel, et même si la partie se déroulant durant la Guerre des Clones est d'excellente qualité (Elle aurait d'ailleurs parfaitement pu constituer un arc animé pour la série The Clone Wars), j'ai préféré la partie se déroulant à l'époque de la Guerre Civile Galactique dans la mesure où c'est cette partie qui à la fois, apportera des réponses sur certains mystères à propos desquels nous n'avions toujours pas de réponse (qu'y a-t-il vraiment dans les régions inconnues ?) tout en posant de nouvelles interrogations qui, je l'espère, seront traitées dans de prochains ouvrages. En ce sens, le roman a un petit côté "thriller militaire", un genre très peu exploité dans le canon actuel.

Puisque l'on est dans la structure globale du roman, ce dernier se lit extrêmement vite (à peine 370  pages en version originale) tant il est bien rythmé et ne laisse jamais de véritable temps mort nous détourner de la quête principale des protagonistes. En revanche, certains combats (assez peu nombreux au demeurant), qu'ils soient spatiaux ou terrestres, trainent parfois en longueur et satisferont probablement plus la frange de lecteurs intéressée par l'aspect militaire de l'univers. La manière de se battre des Jedi (et par extension des Sith) est présentée de manière assez originale, ce qui permet de comprendre la manière dont ces derniers abordent les combats.

Mais ce qui fait l'intérêt de ce roman est bien évidemment la teneur et la qualité de la relation qu'entretiennent Anakin/Vador et Thrawn tout au long du roman. Et  le moins que l'on puisse dire c'est qu'elle est parfaitement réussie. On retrouve ainsi le Chiss dans son rôle de tacticien hors pair, quelle que soit l'époque et un Vador extrêmement pragmatique (quoiqu'un un peu trop verbeux par moment), froid et sombre qui nous rend Thrawn tout de suite bien plus sympathique qu'il n'apparaît dans Rebels. La tension permanente entre les deux personnages, nous montre une rivalité (assez unidimensionnelle pour dire vrai) qui monte en puissance au fur et à mesure que le roman avance, notamment lorsque la loyauté de Thrawn sera mise à rude épreuve.
Une rivalité d’autant plus grande qu’elle est renforcée par l’ambiguïté qui pèse sur la connaissance potentielle de la véritable identité de Vador par Thrawn et par les nombreuses évocations d’Anakin Skywalker par ce dernier (qui ne sont pas sans agacer le Seigneur Sith, dois-Je le préciser ?). Cette rivalité dépasse même les deux personnages puisque à plusieurs reprises, on aura l’occasion de voir s’echarper verbalement Rukh, l’assassin Noghri au service de Thrawn (qui fait d’ailleurs sa première apparition canonique d’un point de vue de la chronologie) et la garde rapprochée de Vador, rebaptisée ici la 1st Legion.

Anakin tel qu'on le retrouve, est identique à celui que l'on peut observer dans The Clone Wars, impulsif et courageux, mais qui se laisse parfois un peu trop submerger par ses émotionsEt bien que rechignant à accepter l'aide du Chiss au début, il se laisse rapidement convaincre et commencera même à montrer une véritable fascination pour cette civilisation qui rappelons le, est totalement inconnue de la République à cette époque.



La véritable (fausse) surprise de ce roman, est l'introduction de Padmé dont l'absence dans le nouveau canon était jusqu'à présent assourdissante. Si le personnage est très bien écrit, son arc est à mon sens ce qui constitue l'un des rares points faibles du roman. Son cheminement est assez convenu, assez peu inspiré et elle fait plus figure de demoiselle en détresse que de femme forte. Dommage !



On sent également l'amour que Timothy Zahn porte à l'univers et la connaissance qu’il en a tant les références au canon sont multiples et subtilement amenées. Que ce soit The Clone Wars, Thrawn (Le roman), Rebels, la Prélogie ou encore des références à ses propres livres "Légendes", tout y est. 
Même si certaines références semblent être lâchées un peu gratuitement, la majorité d’entre elles servent franchement l'histoire et permettent même d'apporter des éléments de réponse à certaines questions laissées en suspend dans les différents media de l’univers et dans la propre diégèse du livre. On découvrira également, l'introduction canonique de Batuu, la planète qui servira de cadre aux sections Galaxy's Edge des parcs Disney américains et le moins que l'on puisse dire ... c'est qu'on espère que l'avant-poste Black Spire aura bien changé par rapport à sa description littéraire tant on n'a pas vraiment envie d’y séjourner et encore moins de s’y promener seul.



Cette critique se voulant sans spoiler je ne rentrerai dans aucun détail susceptible de gâcher l'histoire, mais ce roman est celui qui, à mon sens, permet le mieux d'étendre l'univers en décrivant, comme jamais auparavant dans l'univers canon, les Régions Inconnues et ce qui les peuple. On y découvrira ainsi une nouvelle race alien très belliqueuse (qui ne seront pas sans rappeler les Yuuzhan Vong à bien des égards) qui pourrait bien permettre de préparer le terrain pour un développement de l'histoire de la chute de l'Empire et sa fuite dans les dites Régions inconnues. L’Ascendance Chiss est également mise à l’honneur puisque le roman nous en apprend beaucoup plus sur le fonctionnement de cette civilisation et notamment sur le statut des enfants et le rôle qu’ils occupent dans leur société  si particulière.

Un petit mot également sur l’audiobook qui est fantastique ! Marc Thompson y est (une fois de plus) incroyable et son imitation de la voix de Thrawn telle qu’interpréteé par Lars Mikkelsen est troublante de ressemblance, de même que pour celle d’Anakin et de Rukh bien que l’on puisse dire un grand merci à la post-production pour ce dernier. La voix de Vador aurait gagné à sonner un peu moins robotique et avec un peu plus de nuances. Quant à Padmé, le fait qu’elle soit jouée par un homme la fait paraître un peu trop générique à mon goût, mais on ne peut pas tout avoir malheureusement.

En conclusion, un excellent roman, mené de main de maître par Timothy Zahn et qui ne présente pas vraiment de défauts  en dehors de quelques (très) infimes problèmes de rythme (en particulier durant les scènes de combat) et une sous-exploitation du personnage de Padmé qui tient plus du Mcguffin pour l’arc Anakin/Thrawn que d’un véritable acteur essentiel à cette partie du roman. Meilleur à mon sens que le premier volume consacré à Thrawn, il plaira sans nul doute à tous ceux qui avaient apprécié ce dernier mais également aux fans de Rebels et aux nostalgiques du personnage tel qu'il a pu être introduit dans la trilogie de La Croisade Noire du Jedi Fou. Je ne pense pas prendre beaucoup de risques en affirmant qu'il figure facilement dans le Top 3 des romans du nouveau canon ... ou du moins dans MON top 3.


Note : 9/10

Avez-vous hâte de découvrir ce nouveau roman dédié au Grand Amiral et au Seigneur Sith ?


  • Avatar Lazar

    Lazar

    1617 Crédits

    https://www.senscritique.com/livre/Star_Wars_Thrawn_Alliances/critique/181058636

    Après un premier tome ample et ambitieux qui met en place la progression fulgurante de Thrawn et son accession aux plus hautes responsabilités, on se retrouve avec ce "Thrawn Alliances" face à un étrange roman de gare, déséquilibré, assez ennuyeux et, surtout, marqué de parti pris incompréhensibles.

    Les alliances évoquées sont celles de Thrawn et d'Anakin/Vador à deux époques distinctes : la Guerre des Clones et l'Empire Galactique. En ces deux occasions, ces personnages se voient imposés l'un à l'autre par des ressorts scénaristiques paresseux afin de construire une maladroite justification de leur relation et d'introduire un metaplot maléfique transcendant Empire et République. Le passé et le présent se répondent vaguement (sinon à quoi bon livrer cette laborieuse aventurette d'Anakin, Thrawn et Padmé ?) mais cette structure artificielle détourne complètement le roman du sujet principal : Thrawn, ses motivations, son évolution. Non. Ce sera flashback et missions anecdotiques avec révélations Scoubidou à la fin.

    Après que Zahn a méticuleusement mis en place Thrawn, Pryce et laissé le lecteur en suspens lors du départ de Vanto vers la Chiss Ascendancy, il est difficile de comprendre comment Alliances peut se détacher à ce point de l'histoire initiale et se résumer à une vague mission de terrain dans des décors monolithiques, étriqués, indignes de la grandeur supposée des protagonistes.

    Nous avons du côté Clone Wars une intrigue indigente impliquant Padmé, Anakin et le providentiel jeune Thrawn. Une interminable histoire d'infiltration de base secrète séparatiste, grosse usine à secrets, dont le lecteur se trouve autant prisonnier que les esclaves qui y travaillent. Au milieu des tirs de blasters, des descriptions épuisantes de couloirs, d'escaliers et de hangars, Anakin et Padmé sont inintéressants et cannibalisent complètement la contribution de Thrawn. Quand la fin de cette section mentionne littéralement des "undestructible super battle droids" et que les méchants font des révélations fracassantes avant de se faire tanner, on sait qu'on est dans du pulp un peu moisi. La moitié du livre se passe donc, pour ainsi dire, dans un unique bâtiment...

    Du côté Empire galactique, la suite du premier tome, nous avons Thrawn et Vador sommairement missionnés par l'Empereur pour enquêter sur une mystérieuse perturbation dans la Force. Les deux stars impériales ressemblent à des Sherlock et Watson un peu boostés empégués dans des bagarres de bar et des poursuites de vaisseaux. Vador est énervé mais se contrôle, Thrawn est ferme mais poli. Tout le monde reste sagement dans son style mais là aussi, la faiblesse des enjeux a priori et les situations parfois assez pathétiques et sans aucune envergure dans lesquels les deux frères ennemis se trouvent conduisent à se questionner sur la politique RH de l'Empereur. Mention spéciale pour les micro-droïdes qui transforment Vador en statue en le recouvrant de super-ciment. Mention spéciale bis quand, plus loin, Vador contre cette ridicule attaque en envoyant son armure de rechange comme leurre... On reste par ailleurs dans une atmosphère très martiale, riche de noms de flingues, de codes militaires et de descriptifs techniques que je ressens malheureusement cette fois-ci comme du remplissage.

    Le sens tactique de Thrawn, jusqu'ici acceptable, devient un gimmick qui perd beaucoup de sa crédibilité. Le Chiss oscille entre MacGyver et la pure diviniation : on ne peut plus être épaté par son sens de l'observation et son pouvoir de déduction. Certaines inférences sont par ailleurs simplement mauvaises ou invraisemblables et les solutions de Thrawn répondent à des problèmes stupides. A titre d'exemple, il comprend que les Méchants attaquent toujours les cibles les plus proches. Au corps à corps, dans l'espace avec des battlecruisers... C'est idiot, évidemment indigne d'un peuple censé jouer le rôle de croquemitaine galactique mais c'est ainsi... Ses silences assourdissants suivis de de l'explication de texte de ses intuitions deviennent également un tic lassant.

    Le fil conducteur de ce gourbi atone est qu'il existe une menace mystérieuse venant des Régions Inconnues trouvant écho dans l'aventure commune de Thrawn et Skywalker. Sur le papier, c'est excitant. Ça répond aux Observatoires, aux intuitions de Palpatine, au fait que Thrawn est celui censé avoir cartographié les voies hyperspatiales dans le coin. Intriguant. Et on se retrouve avec des bad guys anonymes, sans doute redoutables car "mythiques", pour ainsi dire pas décrits, sans doctrine ni projet autre qu'une sorte de conquête/infiltration, sans visage emblématique à haïr ni craindre. Des orks en somme. Oui, les Yuzhaan Vong... Avec des flingues à éclair et des mouches à ciment. Triste.

    Les messages très appuyés quant à l'allégeance réelle de Thrawn ou au fait que la guerre, c'est pas joli, qu'on soit Séparatiste ou Républicain, semblent ajoutés après coup, afin de prétendre donner un peu de fond et de substance à un roman de plusieurs centaines de pages qui ressemble à un épisode spécial de Rebels. C'est assez creux.
    Pour l'anecdote, Anakin apparaît peu à peu comme un connard autoritaire et macho. Ca se tient mais ne devions-nous pas parler de Thrawn et non de la situation de couple des Amidala-Skywalker ?

    Bilan. A aucun moment le roman ne permet de sentir le poids de ces deux personnages dont la mise en scène simultanée compromet complètement la lisibilité et même la pertinence de l'histoire et de son sujet de fond : l'émergence d'une nouvelle menace galactique. Il y avait à mon sens quelque chose de bouleversant à jouer : faire péter le clivage Jedi/Sith et République/Empire. Pour l'exotisme, c'est raté. Le name dropping et le fan service ne compensent pas une intrigue simpliste et poussive, pas plus que les épilogues censés fournir un peu de hauteur et de croustillants secrets, pourtant assénés sans subtilité, n'assurent le service après vente.

    Chiant et décevant.

    Du coup, j'attends toujours le tome 2... Zahn, à refaire.

    mercredi 31 octobre 2018 - 15:29 Modification Admin Réaction Permalien



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